HARVEY DALTON ARNOLD: Stories to Live Up To (2020)
Cela fait toujours du bien d’avoir des nouvelles d’anciennes gloires du « Southern Rock ». De 1976 à 1980, Harvey Dalton Arnold a connu le succès comme bassiste au sein des fabuleux Outlaws. Il a joué avec eux dans des stades immenses et a côtoyé beaucoup de vedettes du rock. Et puis, il a quitté l’aventure en 1980. Selon ses propres déclarations, le rock sudiste était en perte de vitesse. Ce style musical ne faisait plus rêver les jeunes et n’intéressait plus les maisons de disques. Le groupe était passé des limousines aux vans et des grands hôtels aux Holliday Inns. La drogue était devenue la principale compagne des musiciens et leurs épouses en avaient marre de leur absence. Harvey a donc abandonné sa carrière au sein des Outlaws pour se rapprocher de sa famille mais il a toujours continué à jouer dans des formations locales tout en travaillant dans des jobs réguliers. Il s’est également consacré à l’étude de la guitare. Il n’a pas non plus été épargné par la vie car il a dû lutter contre un cancer de la gorge et de la langue. Mais un véritable miracle a eu lieu. Non seulement il est sorti vainqueur de ce combat médical mais il a aussi retrouvé sa voix. Depuis, il participe à un programme d’aide aux malades du cancer. Il fait la tournée des hôpitaux où il donne régulièrement des petits concerts privés pour la plus grande joie des patients. Il y a quelques années, il a sorti un premier album solo intitulé « Outlaw » et uniquement consacré au blues acoustique à l’ancienne. Seul avec sa guitare sèche, jouant en fingerpicking ou au médiator, Harvey a démontré sa maîtrise de la six-cordes. Il a même fait un petit clin d’œil a son passé musical avec une excellente version bluesy de « Cold and lonesome », titre qu’il avait composé pour les Outlaws sur l’album « Hurry sundown ».
Aujourd’hui, il nous revient avec un deuxième disque où il est accompagné d’une section rythmique (basse, batterie, claviers). Cette nouvelle production ne manque pas de bons morceaux comme le funky et swinguant « Stay here with me », « Early bird » (qui balance bien avec une bonne slide sudiste) ou « Poor boy » (cool et efficace avec une six-cordes délicate). Le riff de guitare entêtant de « When the sun goes down » s’étire sur un tempo moyen et hypnotique se rapprochant du « swamp blues ». « Lone outlaw » est une très bonne chanson sudiste. Les influences sudistes se ressentent dans la progression d’accords et la guitare aux accents de Dickey Betts. C’est ma chanson préférée de l’album. Allez savoir pourquoi !
On tape du pied sur le rock « Gotta see you » et « Put me back » est pourvu d’un riff de slide costaud. Le disque se termine sur « Catfish blues » qui nous emmène dans les marais pour un « swamp blues-rock » halluciné. Harvey parsème tous ces morceaux d’interventions de six-cordes pertinentes et sa voix est toujours aussi agréable même si elle a gagné en profondeur. Harvey Dalton Arnold a survécu à l’âge d’or du rock sudiste, à l’apprentissage de la guitare et à la maladie pour nous offrir cette belle réalisation. Alors, laissez-vous tenter ! Vous seriez fous de refuser un tel cadeau ! ”Southern rock survivors forever !”
Olivier Aubry